126 s, Fransızca
La position de la Turquie est paradoxale. Bien qu'elle adhère aux principales institutions occidentales, à commencer par l'Otan, son appartenance à l'Occident est souvent contestée en raison de ses identités concurrentes, turcique et musulmane. En effet, élément d'un ensemble culturel qui regroupe une dizaine de pays et de minorités, de la Chine aux Balkans, la Turquie est aussi membre de l'Organisation de la conférence islamique. Différents programmes de politique extérieure se sont longtemps affrontés selon la préférence donnée à l'ancrage européen, islamique ou turc du pays. Aujourd'hui encore, les grands dossiers de politique extérieure - adhésion à l'Union européenne, reconnaissance du génocide arménien - interrogent la définition même du modèle politique turc : place de l'héritage ottoman dans la Turquie républicaine, définition ethnique ou citoyenne de la nation, modèle occidental ou islamiste de modernité. Cet ouvrage propose une étude de la transformation de la place de la Turquie sur la scène internationale. Longtemps alliée inconditionnelle des Occidentaux, elle s'est progressivement émancipée, s'opposant parfois frontalement aux États-Unis ou à l'Union européenne. Loin de se limiter à la question de l'adhésion à l'Union européenne, l'émergence de la Turquie comme acteur global s'exprime dans son rôle régional au Moyen-Orient, son investissement en Asie centrale ou sa politique énergétique.